Le sombrero de paja toquilla est un incontournable de l’Équateur. Vous ne voyez pas ce que c’est ? Peut-être que le nom Panama Hat ça vous parle plus ?! Mais si … ce chapeau élégant porté par de nombreuses stars!
Je vous dévoile ses secrets de fabrication…
Museo del Sombrero de Paja Toquilla
Adresse : 10, Padre Aguirre, Calle Larga 41 y, Cuenca
Cuenca, ville du sud de l’Equateur, est connue pour son artisanat de sombrero de paja toquilla. De passage dans le coin (passage prolongé même), j’en ai profité pour visiter le Musée del Sombrero de Paja Toquilla, de Panama Hat.
Ce musée, je vous le conseille pleinement, c’est totalement gratuit, et très très intéressant… enfin… à première vue non! Que des chapeaux à vendre! Certes les chapeaux sont très jolis, mais un musée sans explications, ce n’est pas un musée…
Mais il faut aller chercher l’information! Je pose quelques questions à une couturière du musée, j’ai l’impression de la déranger dans son travail. Alors je me tourne vers Vanessa, à l’accueil, qui me propose de m’expliquer tout le processus de fabrication du sombrero! Super!
Bientôt, vous allez maîtriser l’art du sombrero ! Allez on y va!
Pourquoi ce nom, Panama Hat? On est en Equateur!
Ce chapeau est bel et bien originaire d’Equateur, et non du Panama. Ce type de couvre-chef est vendu à travers le monde depuis des années. Le Panama, énorme plateforme commerciale, s’est occupé de son exportation sans forcément préciser la provenance : le doute s’installe…
Ensuite, lors de la construction du Canal de Panama, de nombreux travailleurs en portent pour se protéger du soleil : le doute perdure!
On pousse un peu le vice : au début du XX siècle, le président des Etats-Unis Théodore Roosevelt en porte un lui aussi, lors d’une visite sur le chantier du Canal de Panama.
Tous ces faits ont contribué à embrouiller les esprits. Par simplicité, on l’appelle aujourd’hui Panama Hat. Toujours est-il que Roosevelt a en quelque sorte lancé une mode. Depuis, c’est devenu la classe !
Comment fabrique t’on un sombrero de paja toquilla?
J’ai beaucoup appris dans ce musée, alors j’ai envie de transmettre ce savoir. Ne vous attendez pas à un tutoriel, juste les étapes de fabrication d’un sombrero. Quoique… si vous avez du Carludovica Palmata dans votre jardin, lancez vous dans l’artisanat!
La récolte: Carludovica Palmata c’est le nom de l’arbre utilisé pour confectionner ce sombrero. Aussi appelé Paja Toquilla. C’est un palmier qui pousse sur la côte Équatorienne.
La transformation: les feuilles de palmes sont coupées en lanières puis « cuisinées » : elles mijotent dans un bain bouillant d’eau et de sel. Le sel ? C’est pour les déshydrater!
Le séchage : suspendue pendant 3 jours, la fibre est séchée au soleil. On imagine un peu plus comment on peut faire un chapeau avec du palmier! La fibre ressemble vraiment à de la paille.
Le transport : ensuite, la fibre est fagotée, pour être envoyée vers les zones de production des sombreros. Les principales : Cuenca et Montecristi.
Le tissage : la partie la plus importante. La paille est tissée à la main, pour créer peu à peu le chapeau. La fibre est humidifiée, pour donner de la souplesse, et permettre sa manipulation sans qu’elle ne se brise. C’est assis que se tisse le Sombrero, ici à Cuenca, et debout à Montecristi. Un morceau de bois est placé à l’intérieur de la copa – la partie haute du chapeau, pour lui donner sa forme. Puis, sont tissées las alas – les ailes – la partie plate du chapeau.
Nota : Au village de Sigsig, à 1h30 de Cuenca, on peut voir comment se tisse ce fabuleux couvre-chef. Manque de bol pour moi, j’y étais un dimanche. Le weekend est consacré au marché de fruits et légumes, et donc pas de tissage!
A ce stade, le tissage du chapeau est terminé. Au musée, les sombreros sont reçus tissés. Les étapes suivantes (et elles sont encore nombreuses) sont réalisées par le musée.
Le lavage : le chapeau est plongé dans un liquide blanchissant, pour lui donner sa couleur originale, le blanc. Ou certains sont teintés de la couleur voulue. Ensuite, le séchage du chapeau dure 3 jours à l’air libre.
Le découpage : on coupe les brins de paille qui dépassent, pour donner une forme circulaire au chapeau.
Le coup de massette : avec une massette on tape tout autour du chapeau pour attendrir la fibre et la rendre uniforme. Mais ça c’était avant! Maintenant une machine permet d’économiser son énergie, la Maceteadora. On empile plusieurs sombreros, et on les place (en les faisant tourner) au milieu de deux pièces en bois qui vont venir taper sur les ailes.
La presse ou le repassage : avec un fer à repasser rempli de charbon, on repasse les ailes du chapeau pour lui donner une forme plane. Un bout de bois est mis dans la copa, pour conserver la forme sur le dessus.
Avant, les formes étaient limitées, mais maintenant les machines permettent plus de possibilités. Aujourd’hui, le chapeau est placé dans une presse, avec un moule en aluminium (très lourd, j’ai testé), pendant 15 à 20 secondes. Le poids combiné à la chaleur de la presse va « figer » la forme du chapeau.
La couture : si imperfections il y a, sur le pourtour du chapeau, on utilise une règle pour tracer un trait sur les ailes. Puis, la couturière, va coudre la bordure du chapeau, en faisant une doublure, puis couper l’excédent. Les chutes serviront de décoration pour d’autres chapeaux un peu plus fantaisies.
La finition : on approche à la fin de la confection du sombrero de paja toquilla. Il ne reste plus qu’à coudre un ruban intérieur portant les informations de création (entreprise, taille, type, …), et le ruban extérieur, noir le plus souvent, mais personnalisable à souhait.
Voila vous savez tout! Alors du Carludovica Palmata chez vous ?
Quelques chiffres
Un chapeau basique, vendu 30$ au musée est tissé (seulement tissé) en 1 jour et demi. La qualité du chapeau dépend du temps et du type de tissage (fino, super fino, …). Plus la maille est fine, plus le tissage est long, plus le prix est élevé. Certains chapeaux sont tissés en 3, 6 mois, voir plus…
Le chapeau le plus chère est tissé en 10 mois, uniquement en matinée ou en soirée, là où le taux d’humidité est le plus haut – la paille est préservée. Mais il a un prix : si vous voulez avoir l’allure d’une star avec, il vous faudra débourser 20 000$!
En 2012, la technique de tissage du sombrero de paja toquilla a été inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité auprès de l’UNESCO.
Maintenant, j’ai encore plus envie de porter le mien! Et vous, vous aimeriez en avoir un ?
Du tuning de chapeau
Pendant mon séjour à Quito, un ami m’a offert un Panama Hat. Très pratique pour masquer ma coiffure ratée par le peluqueria me protéger du soleil de plomb d’Equateur. Il avait une bande noir avec des inscriptions du style « Visa », « Banco », … au moins j’étais intégré au pays, mais il manquait un brin d’élégance.
Alors, au musée j’ai demandé à changer la bande, contre une bande bleue marine.
J’ai même pu le faire mettre à ma taille, un petit coup dans la presse et voila! Maintenant, il n’essaye plus de voguer vers d’autres coiffes au moindre coup de vent.
N’est-ce pas génial la customisation de sombrero ?