Une attente au bus

Equateur, le 01.11.18

C’est étrange ce sentiment de se retrouver seul. Pas seul à la maison, ou seul dans son café préféré, son quartier…seul là où l’on ne connait personne, dans un endroit que l’on découvre pour la première fois, et loin, très loin de chez soi.
On est entouré mais seul, pas un visage familier, personne qui compte pour vous.

Alors on observe… on observe les gens autour de nous, l’agitation qui se créée, la vie de chacun.


Quelques 30 minutes que j’attends un potentiel bus. Je ne suis même pas sûr d’être au bon endroit. Je suis descendu sur la route, en périphérie de la ville.

Adossé à la barrière de sécurité, je me rends compte que je suis l’unique étranger, le seul n’ayant pas sa vie, son travail ici.

La majorité sont des vendeurs, ils montent et descendent de bus en bus, avec des sucreries, des glaces, des fruits, … les échangent contre quelques pièces pour gagner leurs vies.

D’ailleurs, il y a plus de vendeurs que de personnes comme moi, qui veulent juste prendre le bus.

Les vendeurs repèrent les bus de très loin, et tous s’agitent, et s’organisent pour tenter d’y monter. Il faut savoir que les bus ne veulent pas toujours des vendeurs. Puis, ici les bus ne s’arrêtent pas, ils glissent. Vous savez le -4 points sur le permis, le glissé de Stop. C’est toute une organisation, chacun sa part de marché, son secteur. J’ai vu des vendeurs se faire mater parce qu’ils vendaient ici, d’autres s’engueuler parce qu’ils vendaient les mêmes biscuits, ou tout simplement s’insulter parce qu’ils voulaient monter dans un bus qui ne leur était pas destiné. Mais dans l’ensemble tout le monde se connaît, se dit bonjour, et rigole.

En particulier un homme, la soixantaine, petit, le teint basané, une moustache, et une casquette bleue. Celui-là, manque toujours les bus. Il se décide trop tard et arrive quand les portes se ferment. Il a une glacière, mais pas de glaces. Des empanadas. Là encore, un bus passe…il finit tranquillement son empanadas avant de s’avancer vers le bus…trop tard.

Entre deux bus, il fait une chose surprenante…il tente de faire rentrer sa lèvre dans sa narine droite.

Puis il y a Maria, avec sa glacière elle aussi, une vendeuse de glace. Elle est à côté de moi, et déguste…non…mange sa glace goulûment, avec des bruits de succion épouvantables! Heureusement, il ne reste plus grand chose autour du bâton, la fin est proche. Malheureusement, elle ne déroge pas à la règle, et jette le reste, bâton compris, sur la chaussée.

Un chien se réjouit de cette situation. Il s’empresse de lécher le glaçon sucré traînant sur la route. Un de ses confrères s’agite, n’ayant rien à se mettre sous le croc. Il finit par suivre un emballage de chips.

Je regarde les ordures défiler devant moi, triste que cette culture ne chérisse pas la planète.

Un bus est là. Un homme en costume ouvre la soute, et décharge de gros sacs de patates, pour y mettre des touffes d’herbes. Chaque chargement /déchargement, c’est un peu comme cette valise de Mary Poppin’s, on se demande bien ce qui va sortir et entrer dans la soute. Le bus repart, l’aide chauffeur n’a pas terminé son transfert de marchandise…il court pour le rattraper !

Depuis 1/2 heure, une voiture est stationnée sur le bas-côté de la route. Elle klaxonne à intervalle régulier. Personne ne monte, ce n’est pas un taxi, là encore un des mystères du pays.

Et il y a cette dame qui attend que les voitures soient au plus près d’elle pour traverser!

Un petit s’approche, avec sa bouteille de soda, il fait des essais… ou alors essaye de s’étouffer. La moitié de la bouteille dans la bouche. Étrange.

Encore un bus, tout le monde court pour l’avoir, mais le bus ne s’arrête pas. Les Équatoriennes en tenues traditionnelles, reposent leurs marchandises à terre et reprennent leurs conversations.

Un homme d’une quarantaine d’année fait les cent pas, et se plaint du rythme des bus. Comme sur un coup de tête, il s’avance vers un homme, et lui étale sous le nez des liasses de billets, pas des dollars. Il échange une partie de ces billets de couleurs contre une autre monnaie.

En fait tout le monde a l’air inquiet, va t’il y avoir un bus aujourd’hui ?

Ça y est, mon bus ! J’aurais attendu 1 heure, et pris la dernière place dans le bus.

Bref c’est aussi ça l’Amérique latine, toutes ces différences par rapport à ce que l’on connait, mais qui après plusieurs mois passés dans le pays, devient ce que l’on connait.

Un commentaire sur “Une attente au bus

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  1. Génial cet article !! Tu as vraiment bien fait de te remettre à écrire sur ce blog 😉 J’adore, c’est exactement ça ! Je n’aurais jamais pensé qu’on puisse mieux décrire l’atmosphère équatorienne en racontant une heure d’attente d’un bus…

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