Ce parc dont tout le monde me parle en Équateur, le Parque Nacional Cajas est seulement à une petite heure de Cuenca. OK OK, je suis à Cuenca, alors je vais me faire une randonnée dans le parc. Et pendant que j’y suis, autant camper là bas!
Situé entre 3000 et 4500 m d’altitude environ, ce parc compte en vérité plus de 200 lagunes. On peut y voir des ours, des pumas, des condors! Autant vous dire que j’ai hâte!
A l’hostal, Edisson me met en garde contre les températures : il y fait très froid. Bon, la semaine passée, j’étais à la Laguna Amarilla, plus haute en altitude, et l’on m’a dit la même chose: j’ai survécu !
Allez j’y vais
Le bus s’arrête à quelques mètres du centre d’information, devant la lagune la plus accessible : la Laguna Toreadora. Retour 8 ans en arrière quand je rencontre un groupe de kiwi! Au passage merci pour la photo 🙂
Au centre d’information, une carte du parc avec tous les itinéraires possible, la durée, le dénivelé, le nombre de km, … Mais j’ai quand même quelques questions, alors j’attends mon tour pour interroger le garde.
Les infos en tête, me voila parti sur une route de bitume, pendant 5 km pour rejoindre un croisement appelé Tres Cruces. Cette partie, en compagnie des voitures et camions qui se livrent à un concours de vitesse, je m’en passerai bien! Alors je tends le pouce, tout en avançant, espérant attraper un véhicule. Aucuns ne fait mine de ralentir, c’est peine perdue.
Tant pis, c’est de l’énergie gaspillée que de marcher sur cette route accessible, mais c’est pas grave; la suite de la randonne ne s’annonce pas difficile. J’ai décidé de camper une première nuit autour de la laguna Luspa, à 1h30 depuis Tres Cruces. La suite du programme dépendra de ma forme. soit un retour le lendemain après une 1h de marche, soit une seconde nuit dans le parc, et 14h de marche.
Tres cruces
Ça y est je suis à Tres Cruces ! Vite, un van de touristes arrive, je me dépêche de monter au point de vue avant que les envahisseurs ne s’emparent du lieu. En redescendant, je croise cette horde de touristes impolis, le sourire jusqu’au menton …
Début de la vraie randonnée
Je traverse la route, avance de quelques mètres, et arrive sur le sentier, finit le bitume !
Qu’est ce que ça fait du bien de s’éloigner de la route, et d’emprunter des sentiers peu fréquentés.
Le chemin est fait de boue – à croire que c’est la spécialité d’Equateur – et cette fois-ci je n’ai pas trouvé une quelconque branche que je peux détourner en bâton de marche. Alors, c’est doucement que je descends le sentier, si je peux éviter le nappage « boue » sur mon sac à dos c’est toujours mieux.
Une zone relativement plate et à peu près sèche apparaît devant mes yeux – sèche ? un mirage ? Non, c’est bien sec, et si je mangeais ici. En plus, j’ai hâte de croquer dans ce morceau de pain – au chapeau de fromage, fraîchement acheté.
La vue est vraiment pas mal, la lagune en face de moi est certainement la laguna Negra, que je dois contourner par la droite si mon GPS dit vrai ! Je suis très vigilant pour la direction, beaucoup de personnes se perdent dans se parc. En même temps, c’est que des lagunes, des montagnes, des lagunes, des montagnes. J’imagine bien le : je suis déjà passé par là non ?
Le chemin n’est pas facilement visible, j’essaye de traquer les petites marques bleues présentes par ci par là sur les rochers, mais rien à l’horizon. Je contourne la lagune comme prévu, en vérifiant ma position sur le GPS.
J’ai oublié de vous dire, mais la boue c’est has been! Maintenant, place au sol éponge!
Plus je marche dans ce parc, plus j’ai l’impression d’être en Ecosse! On dirait vraiment les Highlands. Dès fois je pense à un truc (oui oui) : si je me retrouvai là en mode « on te capture et on te met là, devine ou tu es ? » Pas facile ! Bon en même temps qui fait des enlèvements avec un voyage à la clé ! Bref, désolé pour mes pensées étranges.
Poursuivons dans le sol éponge. D’ailleurs, j’expérimente cette randonnée avec mes New Balance. Et oui, j’ai plus de chaussures de marche, volées la semaine passée.
Résultats de l’expérience : Alors c’est un type de chaussures à semelles beaucoup trop fines pour amortir les chocs, de plus la composition des matériaux utilisés n’est pas propice à un sol éponge.
Pour continuer dans le thème chaussures, j’arrive sur une traversée de rivière : obligé de retirer les Nike! Il y a une marque bleue sur un rocher. Mais les mecs sont allez peindre ce rocher dans la rivière, là ou le courant est le plus fort, et l’eau la plus haute. On passe une épreuve natation ?
Après avoir étudié les pour et les contres de chaque passage dans la rivière; étroit mais sol en mousse-éponge, large mais avec roche intermédiaire, enjambée possible mais atterrissage sur sol à faible densité … je traverse!
Mes pieds méticuleusement séchés sur l’herbe mouillée :s je continue mon périple. C’était sans savoir que 15 minutes plus tard, un rideau de pluie arrive, et remouille aussi sec mes pieds. Pas que mes pieds d’ailleurs!
Je sais que je ne suis plus très loin du campement, j’ai repéré sur la carte, une petite grotte pour me mettre à l’abri. J’avance rapidement sous cette pluie infernale, essayant de retrouver le chemin camouflé. Je repère une rivière et un amas de roche derrière… ça doit être la! Je m’empresse de traverser la petite rivière pour allez voir ma chambre du soir.
Oui, une petite grotte en effet. Je dirai même une demi grotte! J’essaye de me protéger de la pluie, mais je ne tiens pas debout sous la cavité. Mon sac lui est à l’abri. Je pars explorer la zone, à la recherche d’un meilleur emplacement, mais pas grand chose.
Finalement ce sera sous cette demi grotte que je monterai ma tente. Une petite description s’impose : la tente rentre tout juste en hauteur, le sol est terreux et irrégulier, des filets d’eau s’écoulent sur la roche et gouttent sur la toile de tente. Le bonheur!
J’essaye d’égaliser le sol en ramassant de la paille, mais l’herbe est mouillé par la pluie qui continue de montrer qu’elle est la plus forte de nous deux ! Il me faut aussi des branchages, ou quelque chose pour atténuer les éclaboussures de boue sur ma tente.
Je suis trempé jusqu’aux os, mais au moins ma tente est montée! Je me faufile à l’intérieur pour enfiler mes affaires sèches. Bien sur, aucun endroit pour faire sécher les anciennes. Même pas un sèche linge quoi, rien ! Alors j’essore mes affaires pour enlever le maximum d’eau, puis je les plantent sur des bâtons disposés un peu partout dans la grotte. Ça m’étonnerai que ça sèche …
Voila, il est 15h, je suis dans ma tente assis en tailleur, à me demander ce que je fou là! J’étais pas bien dans mon hostal à Cuenca! Heureusement je vais pouvoir me réconforter avec mon paquet de pop corn caramel 🙂
Le « crounch crounch » du pop corn camoufle le bruit de la pluie. Je l’oublierai presque! Au bout d’une heure, la chance me sourit : la pluie se calme. Ça tombe bien, je commençais à avoir des fourmis dans les jambes, dans mon 1m²!
Pendant mon exploration « interpluviale », je découvre cet arbre : le polylepis, appelé aussi arbre de papier. Son écorce est un empilement de fines couches de bois, comme du papier. Les couches supérieures sont mouillées par la pluie, mais au milieu, le « papier » est sec! Au cas ou, j’ai de quoi faire un feu!
Ah, qu’est ce que j’entends ? La pluie ! Allez je retourne dans mes quartiers. Il est 18h, l’heure de préparer un bon couscous de trek! Oui oui, ne vous inquiétez pas, je vous donne la recette! Alors : de la graine, un bouillon Maggi, et une tomate! Plutôt simple non ?
Dans un bivouac, le moment du repas est toujours très attendu, c’est le seul confort accordé pendant l’épreuve. En tout cas, je me régale avec mon repas de réconfort. Je ne vous cache pas qu’en dessert, la barre de chocolat au peanuts est un vrai plus 🙂
Cette bonne cuisine préparée avec amour m’a réchauffé le corps! J’aurai bien aimé réchauffer le sol de ma tente aussi, il est gelé! La paille humide disposée en dessous, injecte de l’eau dans ma tente ! Le matelas de sol fait bien son travail d’isolation, mais je crains le pire cette nuit …
Je m’endors…
Je me réveille! Je m’endors… Je me réveille ! Ainsi va le cycle de ma nuit ! Entre la pluie, le goutte à goutte, l’humidité, l’infiltration, le froid, les frissons dans le dos, je passe une nuit de m****. Non pas une nuit de magie, une nuit de mierda!
Le retour
Je me réveille avec un mal de tête d’un autre monde! L’humidité de la nuit m’a pris toute mon énergie, je n’ai vraiment pas la forme ce matin. Ma décision est prise, une nuit à Cajas c’est LARGEMENT suffisant!
Les rayons du soleil du matin m’aide à reprendre des forces pour me préparer mon petit déjeuner. Mais je traîne avant de reprendre la marche. J’ai étendu mes affaires un peu partout pour les sécher, ça fait un peu camps de « manouche ».
Je remballe tout, direction la ville pour me requinquer! Je traverse encore de beaux paysages, et longe la fameuse laguna Lupsa avec son petit îlot. La encore, le chemin est difficilement visible, mais je connais mon cap!
Au bout de la lagune, j’aperçois un groupe de pécheurs. Ici la pêche sportive est l’activité favorite des locaux. Un peu plus loin, un canyon, avec au fond des habitations, ça faisait longtemps ! Enfin non juste 1 jour, mais j’ai l’impression que la nuit à durée 5 jours !
Il ne me faut pas longtemps pour rejoindre la route, et m’essayer encore une fois au stop ! Toujours la même histoire ! Finalement 1 km plus loin un poste de péage depuis lequel je prends un bus. Direction la belle Cuenca pour déguster un bon burger!
Tips :
- Nuit dans parc : 4$
- Site du parc (sentiers, durée, km) : http://parque-nacional-cajas.org/
Belles photos.. J’eternue ! Sûrement cette nuit plus qu’humide !!
Avec ou sans pelures, obligé d’éternuer ici 😉
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.
Merci d’apprécier mon univers, je m’en vais découvrir le votre avec plaisir.
Eh bien, ça n’a pas dû être facile !! On compatis !! Mais on trouve ça trop chouette en même temps que tu racontes ça avec beaucoup d’humour ! Je n’ose pas t’imaginer avec des New Balances, trop la galère ! On a finit les pieds complètement dans la boue, on était bien content que nos chaussures soient un peu étanches quand même… On a suivi le même bout de rando que toi d’ailleurs ! Mais on a dormi plus loin, sur la route de l’Inca et on est ressorti de l’autre côté 🙂 On a passé la première nuit au refuge, où on s’est pelé les miches de 15h à 20h avant enfin de se mettre au chaud dans les duvets… En tout cas, c’est vraiment trop chouette de te lire 🙂
Hey super 😉 le refuge au dessus de la lagune Luspa? Oui il fait vraiment humide dans ce parc, mais ça vaut le coup de se geler car c’est magnifique, et plein de possibilités ! Et je confirme, les New Balance c’est pas top pour marcher haha!! Au centre d’information, la guide voulez me passer deux sacs plasti pour mettre autour…j’aurai peut être dû 😀